La motion de défiance des salarié·e·s d’euronews approuvée à 85 % des votants. Alpac : un danger pour la liberté de la presse en Europe

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Paris, le 11 octobre 2023

Les salarié·e·s d’euronews ont voté massivement en faveur de la motion de défiance vis-à-vis de la direction et de l’actionnaire majoritaire Alpac Capital.

Tous les salarié·e·s d’euronews SA ont été invité·e·s à voter la motion de défiance envers la direction et l’actionnaire, un vote libre et symbolique. 60 % des électeurs·trices ont voté.
La motion a été approuvée par 85 % de ces votants ; 5 % se sont exprimé·e·s contre et 10 % ont voté “ne se prononce pas.

Les raisons d’une rupture totale de confiance

Les faits qui ont concouru à briser la confiance des salarié·e·s en leur direction et actionnaire sont nombreux et la conclusion sans appel :
Alpac Capital est un danger pour la liberté de la presse en Europe.

Alpac a trahi de façon systématique la confiance des salarié·e·s depuis son arrivée le 29 juin 2022.

1- Les salarié·e·s n’ont pas d’informations sur la société et le groupe détenant Euronews SA. Qui détient le capital du European Future Media Investment Fund, principal actionnaire de la holding de Euronews SA ? Est-ce une personne physique ou une personne morale ? Ce manque de transparence n’est pas de nature à susciter la confiance des salarié·e·s et, en particulier dans un média d’information.

2- Le comité de pilotage éditorial d’Euronews où doivent siéger deux journalistes, élu·e·s du CSE, ne s’est réuni qu’une seule fois en un an. Lors de cette unique réunion le 2 mai 2023, aucune question de fond n’a été abordée. Ce comité avait été présenté par la direction comme une “nouveauté dans la gouvernance de la société” le 3 novembre 2022.

3- A peine nommé, le 7 juillet 2023, le directeur général, l’ex-journaliste Guillaume Dubois, annonce son projet de confier “intégralement” à “une Intelligence Artificielle” la traduction des sujets décidés par la future rédaction centrale à Bruxelles. À une époque où les citoyen·ne·s doutent des médias, il est urgent de réfléchir à l’usage et l’encadrement des outils de l’IA dans la rédaction. Il y a quelques semaines, la transcription et la traduction automatique erronée de déclarations de deux représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, en plein conflit, auraient pu être diffusées partout dans le monde en plusieurs langues.

4- A ce jour, malgré nos demandes répétées durant des mois, la direction de la rédaction ne nous a jamais transmis les règles qui régissent l’affichage des programmes sponsorisés à l’antenne et sur nos plateformes numériques. Quelle confiance avoir en une direction de la rédaction incapable de fournir les règles de séparation des programmes sponsorisés des informations ?

5- Lors de la couverture de la coupe du monde au Qatar, des journalistes ont proposé plusieurs sujets de société sur le Qatar. La direction de la rédaction a répondu que tout sujet de ce type ne serait pas fait à la rédaction de Lyon mais par le bureau d’euronews au Qatar qui est financé par le Qatar.

6- Depuis l’arrivée d’Alpac, et sans attendre le plan de licenciement, une quarantaine de journalistes sont partis en clause de cession. Une situation qui rappelle la saignée au JDD à l’arrivée du nouveau directeur de la rédaction.

7- Alors que lors d’une réunion du personnel avant l’achat, début 2022, l’actionnaire principal Pedro Vargas David, tout sourire et en toute connaissance des comptes de l’entreprise, a assuré vouloir acheter puis investir dans la société. En mars 2023, son directeur général M. Dubois surprend les représentants du personnel en annonçant la suppression de plus de deux cents postes, dont deux tiers à la rédaction.

Alpac va désormais étendre ses tentacules en Europe, et surtout à Bruxelles au plus près des centres de pouvoir. La liberté de la presse n’est pas entre de bonnes mains.

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85% of euronews employees approve no-confidence motion. Alpac: a threat to press freedom in Europe

The employees of euronews have voted overwhelmingly in favour of the motion of no confidence in the management and majority shareholder Alpac Capital.

All employees of euronews SA were invited to vote on the motion of no confidence in management and the shareholder, a free and symbolic vote. 60% of voters cast their ballots.
The motion was approved by 85% of those voting; 5% were against and 10% voted « abstain ».

The reasons for a complete breakdown of trust

There are many reasons why employees have lost confidence in their management and shareholders, and the conclusion is clear:
Alpac Capital is a danger to press freedom in Europe.

Alpac has systematically betrayed employees’ trust since its arrival on 29 June 2022.

1- Employees have no information about the company and the group that owns Euronews SA. Who owns the capital of the European Future Media Investment Fund, the main shareholder in the Euronews SA holding company? Is it a natural person or a legal entity? This lack of transparency is not conducive to employee confidence, particularly in a news medium.

2- The Euronews editorial steering committee, on which two journalists elected by the ETUC must sit, has only met once in a year. At this single meeting on 2 May 2023, no substantive issues were discussed. This committee had been presented by management as a « novelty in the governance of the company » on 3 November 2022.

3- On 7 July 2023, having just been appointed, the managing director, ex-journalist Guillaume Dubois, announced his plan to entrust « entirely » to « an Artificial Intelligence » the translation of subjects decided by the future central editorial staff in Brussels. At a time when citizens are sceptical about the media, we urgently need to think about the use and supervision of AI tools in newsrooms. A few weeks ago, the erroneous transcription and machine translation of statements by two representatives of Armenia and Azerbaijan, in the middle of a conflict, could have been broadcast around the world in several languages.

4- To date, despite our repeated requests over several months, the editorial management has never sent us the rules governing the display of sponsored programmes on air and on our digital platforms. What confidence can we have in editorial management that is incapable of providing rules for separating sponsored programmes from the news?

5- During coverage of the World Cup in Qatar, journalists suggested a number of features on Qatar. The management of the newsroom replied that any such stories would not be produced by the Lyon newsroom but by the euronews office in Qatar, which is financed by Qatar.

6- Since the arrival of Alpac, and without waiting for the redundancy plan, some forty journalists have left under a transfer clause. A situation reminiscent of the bloodletting at the JDD when the new managing editor arrived.

7- At a pre-purchase staff meeting in early 2022, the main shareholder Pedro Vargas David, all smiles and with full knowledge of the company’s accounts, said he wanted to buy and then invest in the company. In March 2023, managing director Dubois surprised staff representatives by announcing the loss of more than two hundred jobs, two-thirds of them in the editorial department.

Alpac will now be spreading its tentacles across Europe, especially in Brussels, as close as possible to the centres of power. Freedom of the press is not in good hands.